Le gaz hilarant

Aujourd’hui, il n’est pas rare, dans de grands lieux et places publiques, de voir de petites cartouches en inox au sol. Ces cartouches, contenant initialement du protoxyde d'azote, sont utilisées comme une nouvelle drogue récréative car son inhalation provoque une sensation d’euphorie immédiate.

Le protoxyde d’azote

Caractéristiques

Le protoxyde d’azote (N2O) est aussi connu sous le nom de monoxyde de diazote, oxyde nitreux, hémioxyde d'azote mais il est aussi particulièrement connu comme “gaz hilarant”.

Le protoxyde d’azote est un gaz provenant de sources naturelles, principalement des sols ainsi que des océans. Il s’agit d’un gaz incolore avec une odeur légèrement sucrée, il est également plus lourd que l’air.

Utilisation

Le protoxyde d’azote est un gaz psychotrope qui est utilisé initialement dans le domaine de la médecine. On s’en sert comme antalgique ou anesthésique, surtout lorsqu’il s’agit d'anesthésies de courtes durées. Ce gaz permet de diminuer la douleur sans induire un état d'inconscience total. 

Il est l’un des plus anciens agents volatils utilisé en médecine à des fins anesthésiques, ce pourquoi il est soumis à la réglementation du médicament. Afin d’en tirer ses qualités anesthésiantes, il doit être associé avec d'autres anesthésiques volatils ou administré par voie intraveineuse. Le protoxyde d'azote à pour but premier d'augmenter le potentiel d'autres anesthésiques. Il est administré le plus souvent par inhalation, et mélangé avec de l'oxygène pour une meilleure efficacité. 

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Dans ce secteur d’activité, le protoxyde d'azote (N2O) se présente sous forme d’un gaz liquéfié contenu dans des bouteilles composées de 90% de liquide et de 10% de gaz.

Le protoxyde d’azote est aussi très utilisé dans le secteur de l’agroalimentaire car celui-ci fait office de propulseur dans les siphons de crème chantilly. Il est contenu dans de petites cartouches en inox et en vente libre dans la plupart des magasins agroalimentaire. Il est donc très facile de s’en procurer et ne coûte pas très cher. 


Enfin, ce gaz qu’est le protoxyde d’azote peut aussi être utilisé dans le milieu de l’automobile en tant que comburant. Celui-ci permet d'accroître la puissance des moteurs de voitures en compétition automobile.

Le gaz hilarant : détournement d’usage du protoxyde d’azote

gaz hilarant

L'usage du protoxyde d'azote, aussi appelé "gaz hilarant", "proto" ou encore “ballons”, à des fins récréatives, s'est largement répandu chez les jeunes. Cela fait plusieurs dizaines d’années que l’on connaît les effets euphorisants de ce gaz et que certaines personnes y ont recours régulièrement, cependant, depuis environ 4 ans on en entend parler de plus en plus car sa consommation s’est accentuée et fait de nombreux dégâts. L’inhalation de gaz hilarant est principalement observée chez les jeunes et dans des milieux festifs. 

Ce détournement d’usage du protoxyde d’azote est réalisé par l’inhalation du gaz via un ballon de baudruche gonflé à l’aide de bonbonnes ou cartouches de protoxyde d’azote. Le ballon gonflé est ensuite inhalé. Sa consommation s’effectue via un ballon de baudruche car ce gaz est relativement froid et l’inhaler directement depuis la cartouche d’azote causerait des brûlures.

Le protoxyde d’azote est stocké sous forme liquide dans des bonbonnes ou des cartouches métalliques disponible en vente libre en France. Son inhalation modifie la voix et provoque une sensation d’euphorie immédiate et de plénitude. Les consommateurs de gaz hilarant auraient pour habitude de consommer plusieurs “ballons” dans un même lapse de temps car les effets de celui-là sont immédiats et de très courte durée (2 à 3 minutes). 


En Novembre 2021, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) ainsi que l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) ont communiqué des chiffres plus qu’alarmants. Dans un rapport, ces organismes attestent qu’il y a eu “134 cas rapportés aux centres antipoison en 2020 contre 46 en 2019, 254 signalements auprès des centres d’addictovigilance en 2020 contre 47 en 2019.”  D’après leurs études, la majorité des intoxications à ce gaz touchent les jeunes adultes de 21 à 22 ans. La hausse de consommation chez les mineurs est aussi importante (20% de cas d’intoxication recensés en 2020 contre 13,6 en 2019).

Les cas d’abus et de consommation excessive sont en hausse constante. Maintenant, les consommateurs tendent à se procurer directement des bonbonnes de protoxyde d’azote, ce qui représente l’équivalent d'environ 100 cartouches classiques utilisées pour les siphons de cuisine.

Les risques du gaz hilarant

L’utilisation de gaz hilarant à des fins récréatives constitue un risque pour la santé ainsi que pour l’environnement.

Les risques sur la santé

Certains risques et accidents peuvent se produire immédiatement lors de consommation de gaz hilarant. On observe des pertes de connaissance, une désorientation pouvant provoquer des chutes. Un risque de perte du réflexe de toux est à prendre en compte, tout comme un risque d'asphyxie causé par un manque d’oxygène. D’autres effets secondaires, moins graves, peuvent arriver comme des nausées, des maux de tête, ou encore des vomissements et diarrhées. 

santé

Si des risques peuvent se produire lors d'inhalations ponctuelles, il est évident qu’une consommation répétée et régulière sera d’autant plus dangereuse et risquée. Le risque d’asphyxie reste présent, et à cela, des complications cardiovasculaires (exemple : troubles du rythme cardiaque), des troubles psychiques (exemple : addiction) et des atteintes neurologiques pouvant être sévères s’ajoutent à la liste des risques encourus. Ceux-là peuvent avoir des dommages irréversibles sur la santé des consommateurs et peuvent même aller jusqu’à entraîner la mort.


Il faut aussi noter qu’en plus des risques que les consommateurs prennent pour leur propre santé, ils sont un danger pour autrui lors de consommation “non responsable”. De nombreux cas de conduite sous l’effet de ce gaz psychotrope ont pu être observés, résultant dans la majorité des cas par des accidents de la route graves ou mortels.

Les risques sur l’environnement

En plus des conséquences sur la santé que déclenche le protoxyde d’azote, il a aussi un certain impact sur l’environnement.

Les sources principales d’émission de N2O

Pour comprendre quels impacts sur l’environnement le protoxyde d’azote peut engendrer, il faut d’abord comprendre quelles en sont les sources d'émission dans la nature. 

En effet, le milieu agricole est la principale source d'émissions de protoxyde d’azote et représente environ 90% des émissions de ce gaz. C’est l’utilisation de substances azotées comme l’engrais azoté, par le processus de nitrification et dénitrification des sols, qui aboutit à l'émission de protoxyde d'azote. La transformation des résidus de récoltes est aussi une des raisons de ces émissions de gaz.

Le secteur agricole n’est pas le seul domaine d’activité à rejeter du protoxyde d’azote dans l’air et dans les sols, l'industrie de la chimie est aussi responsable. Elle représente 5% d'émissions de protoxyde d’azote et est, par conséquent, la seconde source principale d'émissions de ce gaz. Dans ce cas, le protoxyde d’azote est utilisé pour la fabrication de certains acides (acides nitriques et adipiques).

Impacts directs sur l’environnement

environnement

Ces émissions de gaz ont un impact direct et très important sur l’environnement. 

Même si initialement ce gaz est issu de sources naturelles, depuis plus d’un siècle, les quantités produites sont devenues extrêmement importantes à cause de l’activité humaine.  

Cela résulte d’une hausse progressive, constante et conséquente de la concentration de protoxyde d’azote dans l’air qui est un puissant gaz à effet de serre. En effet, il est considéré comme le troisième principal gaz à effet de serre contribuant au réchauffement climatique. Il a un fort potentiel « réchauffant ». Celui-ci est 25 fois supérieur au CH4 et 300 fois supérieur au CO2 lorsqu'il est dans l'air (à masse équivalente).

En plus de la pollution atmosphérique produite par le gaz en lui-même, la pollution de rue est un nouveau problème. Les cartouches usagées de protoxyde d’azote utilisées à des fins récréatives sont très souvent laissées à même le sol et non jetées dans des poubelles ou conteneurs. 

Solutions de protection

Dans le cadre d’une utilisation réglementée du protoxyde d’azote (secteur agricole, industrie de la chimie ou automobile), il est nécessaire de prendre des précautions. Il est possible d’utiliser des détecteurs de gaz afin d’être averti si le gaz est présent en trop grande quantité dans l’air. Des appareils tels que le détecteur gaz ATEX NS2, le transmetteur gaz fixe pour zones sûres NB3, le capteur transmetteur gaz B12 ou encore l’OLCT100 sont idéaux pour la calibration et autres tests gaz.

Si le gaz est présent en trop grande quantité dans l’air, il est nécessaire de s’équiper d’urgence d’une protection respiratoire adéquate comme les masques et systèmes à adduction d’air M20, OXY 3000, Saver, SK1203


En parlant de protection et de sécurité, il est nécessaire d’améliorer l’information auprès de la jeunesse autour des dérives liées à l’utilisation de ce gaz dans le cadre de pratiques récréatives car il est nocif et dangereux. 

Le 1er Juin 2021, une loi à été adoptée dans le but de prévenir et d’alerter sur les usages du protoxyde d’azote. Celle-ci proscrit la vente de ce gaz aux mineurs.