Quelques définitions pour commencer….
Qu’est-ce que l’épandage ?
Fortement réglementé en France, l’épandage est une pratique agricole qui consiste à répandre des matières chimiques ou organiques présentant un intérêt agronomique (engrais, matières organiques, pesticides, etc…) sur des zones de cultures (champs, forêts, etc..).
Source d’inquiétude, cette action est aujourd’hui au cœur de plusieurs enjeux écologiques et sanitaires.
Que veut dire “phytosanitaire”?
Tout d’abord, il nous semble important d’analyser le mot “phytosanitaire”. Du grec ancien “φυτόν”, phyto- est un préfixe utilisé pour les mots en rapport avec le monde végétal. De part la crise que nous endurons depuis 2020, le mot “sanitaire” (du latin sanitas, santé) n’a plus de secret pour nous : il désigne tout ce qui est relatif à l’hygiène et à la conservation de la santé publique.
“Phytosanitaire” indique donc quelque chose relatif à la préservation de la santé des végétaux. Cependant, cette pratique n’est pas sans controverse : si les produits phytosanitaires sont destinés à garantir la bonne santé des plantes, elle renvoie quant à elle l’idée de substances chimiques et donc de dangers pour la population.
L’utilisation des produits phytosanitaires
D’origine naturelle ou chimique, cette substance appelée aussi “produit phytopharmaceutique”, est principalement employée pour la fertilisation des sols afin d’améliorer les rendements. Il existe plusieurs familles de ce produit destinés à protéger les espèces végétales dont les insecticides, les herbicides, les fongicides (combat contre les champignons), les molluscicides (contre les limaces et les escargots), les rodenticides (éliminations des rongeurs).
Ces substances agissent généralement en éliminant ou en contrôlant certains nuisibles. En effet, certains parasites tels que les “mauvaises herbes”, les bactéries ou même des animaux peuvent limiter la culture de la terre et ainsi nuire au rendement. Certains de ces phytos peuvent également présenter des risques pour les personnes ou les animaux si les précautions d’emploi ne sont pas respectées.
Comment se protéger contre les épandages de produits phytosanitaires?
Que l’on soit agriculteur ou habitant près d’une zone cultivée, il est important de prendre les précautions nécessaires et de respecter la marche à suivre pour se protéger lors d’épandages et autres interventions à base de substance chimique. Parmi les mesures de prévention, le port d’ÉPI et d’équipement de protection respiratoire est nécessaire. Les dispositifs filtrants regroupent plusieurs catégories de produits avec leur utilisation appropriée :
- Les demi-masques comme appareil de base à minima. Ils recouvrent uniquement la partie basse du visage (le nez et la bouche, comme les masques ffp). Ils présentent cependant deux grandes restrictions à l’utilisation : les substances à filtrer ne doivent pas être irritantes pour les yeux comme le chlore, l’ammoniac et ses dérivés ou les acides nitriques. Les cartouches filtres ne doivent pas excéder 300 grammes, ce qui limite parfois les configurations combinées gaz et particules (dont la poussière).
- Les masques complets comme protection intermédiaire. Ils recouvrent l’intégralité du visage (le nez, la bouche et les yeux). Ils sont particulièrement adaptés dans les environnements toxiques présentant un danger potentiel pour les muqueuses des yeux. Disposant de 5 points d'attaches pour la fixation au visage, ils peuvent supporter des cartouches filtres d’un poids supérieur à 300 grammes, donc plus performantes car avec plus d’éléments filtrants.
- Les appareils à ventilation assistée sont des dispositifs de protection respiratoire filtrants plus élaborés. Leur principal avantage est la diminution de l’effort respiratoire amoindri par un ventilateur motorisé qui fournit l’air filtré directement dans la pièce faciale (masque complet ou cagoule) via un tuyau annelé. On privilégiera donc ce type d’appareils pour les travaux éprouvants, fatigants et de longue durée.
Pour une protection des voies respiratoires efficace et suivant le type de produits utilisés, on privilégiera une cartouche filtre de type A2-P3 (contre les gaz et vapeurs organiques, les particules fines et poussières, les virus et bactéries) dans la plupart des cas avec un demi-masque, un masque complet ou un appareil à ventilation assistée.
En complément de ces dispositifs filtrants, une combinaison de protection chimique telle que la combinaison jetable série NS, pourra être bien utile. Qu’elle soit réutilisable ou jetable, vendue à l’unité ou en lot, la tenue doit avoir une taille adaptée afin d’assurer une bonne liberté de mouvements. C'est le cas de la combinaison microporeuse série TS dont l'ergonomie a été étudié pour permettre à l'utilisateur d'être tout à fait l'aise dans ses gestes. En magasin ou en livraison, vous pourrez opter pour un kit comprenant aussi des gants et des lunettes vous offrant une protection complète pour la peau et les yeux. Le vêtement est référencé selon un type et une classe déterminant sa performance et son temps de perméation. En remplacement d’un appareil respiratoire, vous pourrez opter pour un casque intégral avec visière vous permettant un travail en toute tranquilité.
Les dangers de l’épandage phytosanitaire
L’épandage phytosanitaire présente des effets indésirables, d’une part sur la santé et d’autre part sur l’environnement. Il peut nuire à toutes sortes d’êtres vivants (les végétaux et les animaux).
Plusieurs études ont démontré que certains éléments extrêmement toxiques favoriseraient certains cancers, une atteinte à la fertilité ou même un déficit du système immunitaire ou nerveux. Certains constats ont révélé que la contamination était chronique et donc présente toute l’année, même si les périodes d’épandage commencent au printemps et se terminent en automne; on retrouve aussi les mêmes molécules en ville qu’en zone rurale et les pesticides (herbicide ou autre) interdits sont toujours détectés dans l’air.
Les effets sur l’environnement sont un désastre écologique majeur. Les pesticides utilisés se décomposent dans les sols puis contaminent les milieux naturels. De ce fait, ils représentent un facteur d’incidence majeur pour la biodiversité animale (on note à court terme des intoxications de certains organismes).
L’épandage, une activité contrôlée
Le règlement sur l’épandage de pesticides près des habitations se renforce d’années en années. Avant toute exécution d’épandage phytosanitaire, les agriculteurs sont dans l’obligation de respecter quelques mesures, conformément au code et réglementation en vigueur :
La force du vent
Chaque agriculteur doit mesurer la force du vent avant de commencer l’épandage. Afin d‘éviter toute pulvérisation en dehors de la zone traitée, la vitesse moyenne du vent doit être inférieure à 11 km/h. Au-delà, il est hautement recommandé de reporter l’épandage au risque de devoir payer une amende. Il y a quelques années, un agriculteur avait été condamné à payer une amende de 10 000 euros pour avoir répandu des pesticides à proximité d’un centre de loisirs.
Le périmètre des Zones de Non Traitement (ZNT)
Depuis 2019, le gouvernement français a mis en place des ZNT afin de prévoir des distances de sécurité minimales sans application de produit phytopharmaceutique. En d’autres termes, l’agriculteur doit respecter une distance minimale entre les riverains habitant près de la zone cultivée et les zones d’épandage.
Par ailleurs, le Ministère de l’Agriculture a annoncé un renforcement des mesures de protection des personnes lors de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques du vignoble, qui pourrait être applicable en juillet prochain.
Depuis juillet 2022, la mise en place de limites a été établie en France afin d’éviter toute utilisation de produits phytosanitaires près des cimetières, des terrains de sport et des zones étroites ou difficiles d’accès. Une commission peut donner son approbation pour reculer le délai sous certaines conditions.
Le Parlement Européen et le Conseil de l’Union Européenne poursuivent des études actives. Les données récoltées permettent de déterminer la compatibilité de l’utilisation des produits phytosanitaires et de leurs résidus avec le développement durable en modifiant le précédent règlement. Le contrôle de la qualité de l’eau est aussi important pour alerter en cas de contamination.
Selon l’OMS, l’alimentation reste la première source de contamination et d’exposition aux pesticides. Voici une liste non exhaustive des aliments les plus riches en pesticides : les pommes, les cerises, les fraises, les clémentines, etc…
C’est pourquoi acheter des fruits et légumes issus de l’agriculture biologique (labellisé AB) permet de réduire le risque de contamination. Cette méthode de production agricole exclut au maximum l’usage de produits chimiques et veille à respecter l’environnement : elle préserve les sols, les nappes phréatiques ainsi que la pollution atmosphérique.
Conclusion
Crédit photos: https://po.chambre-agriculture.fr/votre-chambre-dagriculture/charte-riverain-znt/ https://c1.peakpx.com/wallpaper/980/218/537/carrot-why-growth-diet-loss-of-flesh-wallpaper.jpg https://www.greenunivers.com/2021/07/biomasse-agricole-la-france-voit-vraiment-trop-grand-266309/